Suppression de deux jours fériés : un débat social explosif dans le secteur du tourisme

La récente proposition de supprimer deux jours fériés en France pour renforcer la compétitivité économique a déclenché une vive réaction, en particulier dans le secteur du tourisme. Derrière ce débat se joue une question essentielle de droit social : jusqu’où l’État et les entreprises peuvent-ils intervenir sur le temps de repos garanti aux salariés ?

Les jours fériés, un acquis du droit social français

En France, les jours fériés sont encadrés par le Code du travail. Si onze jours sont fixés au niveau national, tous ne sont pas obligatoirement chômés. Leur gestion dépend des conventions collectives, des accords de branche et des usages en vigueur. Cependant, ils constituent un symbole fort de protection des salariés et d’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

Toucher à ces acquis revient à remettre en cause un pilier du droit social français. Comme l’ont rappelé plusieurs syndicats, les jours fériés sont non seulement un temps de repos mais aussi un droit reconnu, qui participe à la santé au travail et à la cohésion sociale.

Une contestation forte du secteur du tourisme

Les acteurs du tourisme se sont particulièrement opposés à cette réforme. Selon Les Échos, leur inquiétude est double : d’une part, les jours fériés représentent une manne économique majeure, notamment pour l’hôtellerie, la restauration et les loisirs. D’autre part, leur suppression risquerait de déstabiliser l’organisation du travail, en modifiant les plannings et les rythmes saisonniers.

De nombreux professionnels soulignent que, loin de booster l’économie, une telle mesure pourrait réduire la consommation intérieure et fragiliser des secteurs déjà fragiles face aux crises sanitaires et géopolitiques.

Le rôle des partenaires sociaux et du dialogue collectif

Cette controverse met aussi en lumière la place des partenaires sociaux dans l’évolution du droit du travail. Si l’État peut légiférer sur les jours fériés, les conventions collectives et accords de branche jouent un rôle crucial pour adapter la réglementation aux réalités des métiers.

Dans le cas du tourisme, il s’agit d’un secteur fortement dépendant de la saisonnalité et du pouvoir d’achat des ménages. Les syndicats rappellent que les jours fériés constituent aussi une compensation sociale, et que leur suppression équivaudrait à une forme déguisée d’augmentation du temps de travail sans hausse de rémunération.

Entre compétitivité et protection sociale

La proposition soulève donc une question de fond : comment concilier compétitivité économique et respect des droits sociaux acquis ? La suppression de deux jours fériés, présentée comme une mesure pragmatique pour soutenir la croissance, s’apparente pour beaucoup à une remise en cause des équilibres issus de décennies de luttes sociales.

À l’heure où la qualité de vie au travail et le respect du temps de repos deviennent des enjeux centraux, la bataille autour des jours fériés illustre parfaitement les tensions persistantes entre productivité et protection sociale.